Critique de Dragon Quest 8 : un classique du J-RPG

Bien qu’extrêmement populaire au Japon, la série des Dragon Quest n’avait connue qu’une percée toute relative sur les marchés occidentaux jusqu’à ce huitième épisode, premier opus né de la fusion entre Squaresoft et Enix (sorti en 2006 sur PS2). Pour beaucoup d’entre nous, Draqué 8 fut ainsi le jeu de la découverte : découverte d’une série de J-RPG à la fois hyper traditionnelle, presque réactionnaire vis à vis des mécaniques et de la structure en « village-donjon » et, en même temps, enchanteresse, fantaisiste et légère. Une singularité paradoxale que son développeur Level 5 avait parfaitement comprise, livrant avec Draqué 8 l’un des plus grands RPG japonais de l’ère PS2. Voir arriver cet épisode sur nos App Store européens est donc une excellente nouvelle, quand bien même ce portage n’est pas aussi irréprochable qu’on l’aurait espéré.

Le sens du voyage

Ce qui vient en mémoire lorsque l’on se rappelle de nos parties passées, c’est l’idée d’un grand voyage, de longues traversées à pied ou en bateau. Plus qu’aucun autre J-RPG, Dragon Quest 8 est une aventure mise en espace ; c’est un jeu de « kilomètres dévalés », de vastes collines et vallées explorables, à perte de vue. La carte n’y est pas une simple interface « symbolique », une miniature du monde aux distances réduites : c’est le monde lui-même, pétris de vrais proportions et d’un vrai sens des échelles. Voyager d’un village à l’autre devient ici une grande aventure « à hauteur d’homme », capable de restituer le vertige des distances.

Aucun autre jeu du genre n’avait réussi à épingler à ce point ce plaisir insouciant de la « ballade » ; et si Draqué 8 y parvient, c’est aussi que son monde est propice à la flânerie : au sein de ses collines verdoyantes et sous ses ciels ensoleillés, on ne se sent jamais ni en danger, ni sous pression. Contrairement aux Final Fantasy, Dragon Quest 8 ne mise que rarement sur la tension dramatique et se refuse aux récits en « grands mouvements » : il leur préfère une structure plus légère et anodine en « village-donjons », qui correspondent à autant d’épisodes fictionnels (comme on parlerait d’épisodes d’une série animée).

A chaque ville son intrigue, intrigue qui pointera vers le donjon du coin et que notre héros et sa joyeuse bande tenteront de résoudre (avec des réussites diverses). Cette structure « épisodique » donne à ce Dragon Quest toute sa saveur : celle d’un titre qui prend plaisir à multiplier les fictions, à faire de chaque zone ludique l’occasion de nouveaux récits et enjeux où l’intrigue principale brille par son absence (pour ne réémerger que vers la fin de l’aventure).

Bestiaire réjouissant & gameplay solide

Ce rythme tranquille fait du monde de Draqué 8 un lieu où il fait bon jouer, qui gratifie de nombreuses façons ceux qui prennent le temps de l’explorer – par des jolis points de vues, des coffres cachés ou des combats contre des monstres rares -. Car dans cet opus, comme dans les autres jeux de la série, l’immersion dans une région passe aussi par la rencontre avec son fabuleux bestiaire, croqué de main de maître par l’indétrônable Toriyama (monsieur Dragon Ball). En guise d’ennemi, on affronte ici des animaux aux airs de peluche jamais bien effrayantes, dont les techniques tiennent souvent de la blague : ces créatures familières, lointaines cousines des Pokémon, sont le vrai fil rouge de tous les Dragon Quest, et leur (re)découverte au fil des combats participe grandement au plaisir de l’exploration.

Puisqu’on évoque le sujet, les batailles se jouent ici au tour par tour, les ennemis étant cadrés de face (on ne voit jamais ses personnages). Si l’idée pourra paraître « vieillotte » au joueur moderne, les mécaniques de combats restent, elles, solides et suffisamment riches pour donner lieu à des affrontements passionnants (surtout contre les boss, qui deviennent vite très difficiles si l’on ne se sert pas abondamment des buffs et debuffs). Dragon Quest 8 brise en outre avec la tradition des « classes » de personnage, et adopte un système en 5 « spécialisations » (épées, lances, boomerangs, mains nues, courage).

A chaque level-up, on choisira celle que l’on veut augmenter, chaque pallier franchi débloquant un nouveau pouvoir : principe qui offre une flexibilité largement suffisante pour « typer » son jeu à sa guise. Quant à la durée de vie, elle pointe dans les 70 heures minimum pour boucler le scénario principal, sans que jamais l’aventure ne cesse de captiver : Dragon Quest 8 est à ce titre un indispensable pour les amateurs du genre, qui justifie largement son prix par l’ampleur de son aventure et sa joliesse générale – d’autant plus qu’il ne comprend aucun achat in-app -.

Conclusion

Dragon Quest 8 reste un RPG japonais de référence à l’heure actuel, malgré son âge : exceptionnel par l’ampleur de son aventure, aux airs de grand voyage emprunt d’insouciance ; exceptionnel également par son foisonnement de petites histoires mémorables, qui en font une sorte de « recueil » de contes assez captivant. Un classique à revisiter.

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Écrit par
Administrateur du site Etoile et champignon. Passionné par les jeux vidéo.

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