Critique des Chevaliers de Baphomet 5 : La Malédiction du Serpent épisode 1

Critique publiée par Benoît le 07/02/2014 sur Apps-and-play.com, site d’actualités et de tests sur les jeux mobiles en activité en 2014 et 2015.

Fin 2014 égermait sur PC le premier épisode des Chevaliers de Baphomet 5 : La Malédiction du Serpent, après une campagne Kickstarter réussie ; réussie mais pas assez triomphale : la somme amassée ne s’avère pas suffisante pour permettre à l’équipe de Charles Cecil, le créateur de la série, de livrer l’aventure entière promise initialement. A l’heure de sa sortie sur iOS, cette moitié de jeu suffit-elle à raviver le charme et les frissons des premiers jours ? Réponse dans le test.

Sous le plaisir nostalgique, un sentiment d’inachevé

Avec ses airs de Butte Montmartre version carte postale pour touriste, le premier décor de ce nouvel opus n’aurait pas pu être mieux choisi pour les retrouvailles avec Georges, Nico et la faune parisienne « béret-baguette » des premiers épisodes. Dès l’entame, l’histoire réactive elle-aussi les vieilles ficelles aimées, comme on chausse des charentaises : tout commence par un vol de tableau doublé d’un meurtre de polar de gare, pointant vers un complot, sur fond d’intrigue mystique à la Dan Brown. On pense alors s’embarquer dans une enquête voyageant des cafés et appartement bourgeois de Paris vers des destinations exotiques aux moult dangers… mais le voyage ne commencera jamais vraiment.

Confortable et plaisant à jouer de bout en bout, Baphomet 5 donne l’impression de ne pas se réaliser complètement, alors qu’il semble faire exactement ce que l’on attendait de lui. D’où vient que l’on reste ainsi sur sa faim ? Probablement du fait que le jeu s’arrête à mi-chemin d’une histoire complète, et que la coupure abrupte, artificielle, est anti-climactique au possible. Mais pas seulement : l’un des attraits des premiers Chevaliers de Baphomet tenait à leur manière de faire émerger sans tarder des enjeux capitaux et d’installer un souffle épique sous un petit rythme badin de point ‘n click pour papi.

A l’inverse, Baphomet 5 épisode 1 n’atteint jamais ce point de non retour, cette péripétie fatidique qui ferait basculer sa paire de héros vers des enjeux plus ample, plus mystérieux et inquiétants, qui les dépasseraient vraiment. Longue et bavarde intro, cette première partie ne s’élève jamais au dessus de l’intrigue plate et sans mystère du tableau volé : le personnage du prêtre annonce certes que cette peinture est source de grands dangers et que Satan se cache dans les fourrés, mais l’aventure ne lui donne guère le change . S’il veut hisser l’ensemble au niveau des deux premiers Broken Sword, le chapitre 2 devra nécessairement dépasser le petit récit « sympathique mais pas transcendant » de la magouille mafieuse et foncer tête la première dans l’imaginaire occulte promis par l’intrigue.

Esthétique à l’ancienne et dialogues ciselés

Ces réserves mise à part, la belle allure de Baphomet 5 n’en ravive pas moins l’esprit « BD interactive » des épisodes séminaux, et résonne comme une invitation à jouer. Les personnages modélisés en 3D auraient pu jurer dans les décors dessinés à la main : il s’y fondent heureusement à merveille, grâce à un rendu qui leur donne l’allure de sprite 2D. Quant aux dialogues, il font honneur à la réputation de la série : pleins d’esprit mais sans forçage de trait, souvent drôles mais jamais blaguesques, ils développent patiemment l’histoire et épinglent avec finesse les tempéraments de personnages fidèles à notre souvenir : George est toujours cet anglais séduisant et pince-sans-rire, Nico cette même battante à l’esprit vif et ironique, les deux formant un couple à l’alchimie évidente.

© Revolution Software

Si l’on insiste sur la qualité de l’écriture (qualité dont peu de point ‘n click peuvent se targuer) , c’est que Baphomet a toujours été d’avantage une histoire interactive qu’un pur point ‘n click à énigme. Cet épisode ne fait pas exception : le plaisir de jeu vient d’avantage de l’intrigue parsemée de péripéties et de rencontres étonnantes, que de la résolution puzzle bien troussé. A ce titre, les énigmes de Baphomet 5 se révèlent vraiment simple, même sans utiliser son système d’indice. On sait presque immédiatement quoi faire des nouveaux objets que l’on glane, au point qu’il est presque impossible de resté bloqué très longtemps – ce qui n’est pas un problème en soi lorsque l’on apprécie la série pour ce qu’elle est. Quant au jeu sur écran tactile, il ne pose littéralement aucun soucis : on tapote sur les zones d’interactions et icônes de dialogues comme on cliquerait sur PC. A ce titre, Baphomet 5 confirme une énième fois que le point ‘n click est l’un des genre les plus à l’aise sur smartphones et tablettes, et s’y épanouit naturellement.

Conclusion

Ce premier épisode de Baphomet 5 fait figure de longue introduction, bien écrite mais bavarde, à une intrigue plus ample. S’il promet moult enjeux occultes et captivants, il ne cesse de les reporter à plus tard, d’où vient une impression tenace inaccomplissement. Il n’en reste pas moins une aventure sympathique, renouant avec l’esthétique charmante et les dialogues pleins d’esprit des premiers épisodes, et n’aura aucun mal à séduire les amateurs d‘aventure en point’n click. On attend désormais avec impatience le second épisode, qui s’ouvre un boulevard pour révéler la dimension épique et mystérieuse de cette petite histoire de meurtres et de combines véreuses.

+
  • Intrigue sympathique
  • Dialogues pleins d'esprits
  • Magnifiques décors dessinés à la main
-
  • Épisode introductif qui n'installe pas vraiment de tension
  • Énigmes très faciles
7
Écrit par
Administrateur du site Etoile et champignon. Passionné par les jeux vidéo.

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