Post Voïd est une course folle au croisement du fast-FPS et du rogue-like, où la survie repose sur une sorte de troc avec l’ennemi : pour se maintenir dans la course jusqu’au bout des onze courts niveaux, on récupèrera sur chaque monstre tué un point de vie qui viendra remplir notre « capital santé » conservé dans une jarre étrange que l’on tient à la main.
Résolument survolté, le jeu augmente la pression en faisant jouer chaque niveau en temps compté. Un chrono de trois secondes avant Game Over se déclenche, peu après le dernier ennemi tué, et nous force à rester mobile pour valider le prochain frag dans le temps imparti. Même topo si l’on se retrouve à court de vie : généreux en deuxièmes chances, le jeu nous redonne trois secondes pour grapiller le précieux point de santé et repousser l’échéance de la fin de partie.
Ce double système (de pression temporelle, de tension des PV) fait immanquablement s’échouer les premiers runs sur un pic de difficulté, où les ennemis finissent par nous submerger et renverser l’équilibre vital, suite à une précipitation de notre part. En pratique, si le fait de bien viser aide beaucoup, on sent que la réussite est surtout affaire de bon rythme à saisir, induit par l’espacement des ennemis et l’architecture des niveaux, toujours étonnamment lisibles et manœuvrable eu égard à leur génération procédurale et l’esthétique criarde du jeu.
De fait, à force de négocier les pics d’intensité, on se sent progresser presque d’une partie sur l’autre – pour preuve : on meurt plus loin. On finit même, et c’est tout l’enjeu de Post Voïd, par basculer dans la « zone », dans cet état d’intense concentration où l’on se retrouve porté par le flow d’un beau jeu devenu intuitif, le rythme des headshots qui s’enchainent sans forcer, ce haletant riff de guitare électrique qui entretient l’élan viscéral de la course, et le défilement de décors que l’on dirait tout droit sortis d’un cahier de gribouillages psychédéliques – les screenshots ne rendent pas justice à l’effet produit par le jeu en mouvement -.
C’est aussi ce qui rend la proposition de Post Voïd épuisante : on y joue, tout au plus, par à-coups d’une demi-heure, qui nous laissent physiquement et mentalement lessivé, rassasié de vitesse et d’intensité. Mais la juste durée des niveaux, jamais trop longs (une à deux minutes), et le système de power-ups gratifiant chaque pallier (à choisir entre une nouvelle arme, une recharge plus rapide, une boussole, etc.), font de Post Voïd une expérience accessible, généreuse et constamment renouvelée, sous des airs trompeurs de FPS punitif pour seuls hardcore-gamers, ce qu’il n’est pas. Il suffit en général de laisser « reposer la pâte » pour que revienne l’envie de se lancer dans sa fuite en avant, et de s’enivrer à nouveau de son défilement frénétique de sons et de couleurs, sensations qui en font l’une des expériences les plus denses et intenses de l’année.