Test publié à l’origine en janvier 2015
Alto’s Adventure n’est pas le plus inventif des endless-runner sur iOS, mais il est sans doute le plus beau, sorte de revers glacé de la somptueuse séquence de Journey (un autre chef d’oeuvre de glisse contemplative). Mais pour être beau à tomber, le jeu du studio Snowman s’avère aussi tout simplement accrocheur, comme savent l’être les meilleurs « petits » jeux pour courtes sessions nomades.
Mécaniquement robuste
Sur le papier, le gameplay d’Alto’s Adventure rappelle celui d’un Ski Safari ; endless-slider sur pente neigeuse, il repose d’abord sur l’idée de battre son record de distance en progressant dans l’exercice du saut d’obstacles (de plus en plus retors), et en musclant sa concentration. Ici comme ailleurs, la mécanique mono-touche assure une prise en main immédiate : un tap déclenche un saut, une touche prolongée amorce un salto – à déclencher uniquement lors de sauts les plus amples, le temps de boucler au moins un tour complet -. Retomber sur ses skis après une figure déclenche un bouclier, protégeant des chocs contre un rocher ou un feu de camps.
Partant de ces bases simples, la variété entre les runs est assurée par la génération aléatoire du parcours, composés en petites ritournelles visuelles (avec les moments « forêt », les moments « villages », etc…) : les banderoles et aqueducs font office de barre de grind, les gouffres sont des pièges mortels à franchir d’un saut bien timé, et les pierres souvent cachées, fatales en cas de choc, obligent à rester sur ses gardes malgré la beauté hypnotique des panoramas.
Esthétique à tomber (littéralement)
Autre idée stimulante, les combos de figures sont gratifiés d’un bonus de points, ce qui pousse évidemment à prendre des risques parfois inconsidérés ; on retrouve enfin un système bien rodé de missions secondaires (« accomplir tant de mètres », « récolter tel power-up »…), sans cesses renouvelées donc toujours motivantes, chaque trio d’objectifs bouclé se voyant remplacé par un nouveau cahier des charges. Autant de mécaniques efficaces qui rendent Alto’s Adventure captivant ; mais ce qui le démarque vraiment, c’est surtout sa D.A. époustouflante, entre pureté géométrique et soucis du détail.
On aime d’abord son arrière-plan de montagnes en aplats de couleur douces et formes dentelées, glissant les uns sur les autres comme dans un dessin d’enfant. Puis ce sont des myriades de petits détails qui frappent l’oeil : les magnifiques passages en forêts, les volées d’oiseau fuyant à notre approche, l’animation adorable des lamas qui glisse sur leur sabots dans les pentes abruptes, la manière dont la lumière vient lécher le flanc des bâtisses au petit matin, et toutes les subtiles variations de couleurs et d’effets qui marquent le passage du jour. Il y a toujours des belles choses minutieuses à observer, des micro-nuances d’atmosphère à goûter, le tout relevé par la grâce d’un travelling de velours : du grand art pour un si « petit » jeu.
Conclusion
Sublime autant qu’accrocheur, contemplatif et stimulant à la fois, Alto’s Adventure est un incontestable chef d’oeuvre dans un registre qui n’en compte pas beaucoup – l’endless runner – : un jeu qui prouve que l’impératif de fun immédiat peut être marié avec la plus haute exigeance esthétique, pour un résultat qui devrait séduire à peu prêt tout joueur de bon goût, de 7 à 77 ans. Indispensable, tout simplement.