Risk of Rain 2 est un TPS frénétique qui nous oppose, seul ou à plusieurs, à des vagues d’ennemis jusqu’à la découverte et l’activation d’un téléporteur qui déclenche un boss de fin de niveau. C’est également un jeu qui fait du loot intensif la mamelle de sa progression, et la source de grandes satisfactions quand notre équipement se combine, par chance, en effets surpuissants à la limite de l’exploit. Dommage, dès lors, que sa courbe de progression par bonds de difficultés absurdes fasse immanquablement dérailler le train, partie après partie…
Contrairement aux apparences, les niveaux de Risk of Rain 2, esthétiquement inégaux et structurellement bancals, ne sont pas générés aléatoirement, mais conçus « à la main » (ils ne sont pas sa plus grande qualité). De variance, il est en revanche bien question avec l’emplacement aléatoire des coffres et du téléporteur, qu’il faut parfois chercher dans les recoins les plus improbables. Or dans Risk of Rain 2, le temps passé à chercher ne joue pas en notre faveur : la difficulté ne cesse en effet d’augmenter dans le temps, comme le rappelle très concrètement la jauge en haut de l’écran, qui fait défiler les appellations intimidantes : de « Very Hard » en « Insane » puis « Impossible », jusqu’au final et trollesque « HAHAHAHA », où la difficulté monte encore sans plus prévenir personne.
Une partie de Risk of Rain 2 est donc une lutte contre le temps, et surtout contre le temps perdu, où l’objectif pour survivre est d’abord d’être toujours un peu en avance sur la courbe de difficulté. De quelle avance parle-t-on ? De celle accordée par les objets que l’on récolte dans les coffres, dont le contenu aléatoire change à chaque partie. À force d’enchainer les essais infructueux, comme un accroc aux jeux d’argent remettrais une pièce dans la machine en espérant le jackpot (ici, la combinaison d’objets gagnante), on finit par comprendre que l’exploration à la recherche des coffres doit être optimisée au maximum, que tout est ici question de temps qui passe et de difficulté qui défile, et qu’il faut avoir écourté la phase de loot au risque de rater « l’objet qui aurait tout changé ».
C’est donc à un exercice d’équilibriste auquel une partie nous invite, plus qu’à une épreuve de skill. Il n’est pas tant question de « bien jouer » – même si de bons réflexes défensifs changent la donne -, que de savoir comment explorer le plus efficacement possible, et jusqu’à quand continuer la chasse à l’objet. Une fois ce principe bien compris, le bon déroulé d’une partie n’est plus qu’une question de chance. Dans les mauvais runs, les items récoltés ne s’accumulent pas en effet « boule de neige » et nous vouent à buter contre un plafond de verre, parfois dès le niveau 4 sur 6. Dans les meilleures parties, le jeu nous transforme en demi-dieu presque invincible par nos effets de soins cumulés et nos dégâts buffés dans tous les sens… jusqu’à ce qu’un boost de la difficulté nous désarçonne de notre sentiment de toute puissance et nous foute immanquablement une claque, dusse-t-elle arriver sur le dernier boss, que nous n’avons jamais descendu à plus de la moitié de sa vie.
Nous ne nous étendrons pas sur ce qui nous déplait le plus dans Risk of Rain 2 : le niveau 2 du marais et le niveau 4 d’une sorte de caverne infernale, aussi moches que les pires planètes aléatoires de No Man Sky ; ou encore les musiques métal-prog-rock gênantes de mauvais goût, qui n’aident pas à rentrer dans le groove du jeu (avis perso, évidemment). Sans même s’attarder sur ces écarts, Risk of Rain 2 souffle le chaud et le froid, promettant dans ses moments de baraka une euphorie qui point mais ne s’accomplit que rarement, toujours rattrapée par la pente trop abrupte de la dernière montée. En coop en revanche, on aime beaucoup le fait qu’il faille absolument s’organiser par la parole, dans une sorte de contrat social du loot, pour rendre le partage d’objets supportable pour tous sur fond de justice et d’exigence d’optimisation – ne pas s’entendre sur ce point peut entraîner de vrais mésententes et déclencher des poussées d’égoïsmes incontrôlées (c’est humain…) -.
Il y a donc de quoi s’amuser dans Risk of Rain 2, jeu qui brille au moins par sa façon unique d’articuler l’espace exploré, le temps écoulé et la difficulté qui monte ; on regrette juste que les réglages de ce système soient à ce point déceptif dès le mode normal, au risque de nous faire perdre, à nous ses joueurs enthousiasmés par sa frénésie et l’hubris qu’elle déclenche en nous, beaucoup de notre précieux temps libre à la recherche de LA partie.